[Extrait : Les sauveurs de l’esprit islamique, Abû al-Hassan ‘Alî al-Nadwi]

Un incident illustrant l’aumône débordante et sa bonne composition de caractère fût relaté par Ahmad al-Qattan al-Baghdadi. Il dit que bien après que les blessures infligées par le fouet eurent guéries, l’imam Ahmad ibn Hanbal souffrait souvent d’une douleur lancinante dans son dos causée par une excroissance qui se développa suite aux coups de fouet sévères qu’il reçut. Le médecin qui traita l’imam Ahmad ibn Hanbal dit à Al-Qattan al-Baghdadi que lorsqu’il appuyait sur l’endroit de la douleur, il disait simplement, « Je cherche refuge auprès d’Allah contre ce mal. » De même, lorsque le médecin ouvrit l’excédent de peau pour enlever la plaie, l’imam Ahmad ibn Hanbal continua d’invoquer le pardon pour al Mu’tasim jusqu’à la fin de l’opération. Après avoir pansé la plaie, le médecin demanda à l’imam Ahmad ibn Hanbal, « Abu Abdillah, quand les gens doivent faire face à une calamité du fait de la faute de quelqu’un d’autre, ils maudissent normalement le bourreau, mais toi tu invoques en faveur d’al Mu’tasim ? », « j’y ai également pensé », répondit l’imam Ahmad, « mais al Mu’tasim est un descendant de l’oncle du Prophète ﷺ, et je ne chéris pas l’idée d’une querelle avec l’un des parents du Prophète ﷺ lorsque je lui ferai face le Jour du Jugement. J’ai donc décidé de renoncer à ma réclamation contre lui. »

Malgré sa grande réputation et son profond savoir, on ne l’entendit jamais prononcer un mot de louanges envers sa personne. L’un de ses confrères, Yahya ibn Ma’în dit, « je n’ai jamais vu un homme tel que l’imam Ahmad. Je suis resté à ses côtés pendant presque cinquante ans et il n’a jamais exhibé son érudition. »

Par modestie, l’imam Ahmad ne fit jamais mention de sa lignée, même s’il descendait d’une célèbre tribu Arabe, ce qui était considéré comme un grand honneur à cette époque-là. L’imam adh-Dhahabi rapporte un incident, relaté par l’un des compagnons de l’imam Ahmad, qui mit en lumière son humilité remarquable : ‘Ârim Abu Nu’man dit, « Ahmad ibn Hanbal m’a demandé de protéger quelques fonds dont il pouvait retirer des sommes en fonction de ses besoins. Une fois, je lui dis, « Abu ‘Abdillah, je sais que tu es un arabe. » A cela, il répondit, « Quoi ? Nous sommes indigents. » J’ai insisté pour obtenir une réponse, il éluda une réponse.

Après la persécution que l’imam Ahmad ibn Hanbal dut subir pour sa position sur la question de la création du Qur’ân, il obtint une réputation si haute pour sa piété que d’innombrables personnes invoquèrent en sa faveur. L’imam Ahmad ibn Hanbal, cependant, se sentit terriblement inquiet et incertain. Une fois, Marrudhi lui dit, « un grand nombre de personnes prient pour toi solennellement ». « Qu’en dis-tu ? », l’Imam Ahmad s’exclama, « j’ai réellement peur que cela ne soit seulement une illusion. » Marrûdhi répondit, « un homme est venu de Tarsus disant qu’il était présent sur le champ de bataille des terres byzantines, quand soudain dans la noirceur de la nuit, il entendit des cris s’élever de toutes les tours et de tous les quartiers implorant la supplication en votre faveur. Il raconta plus tard que les soldats mirent le feu à la baliste en votre nom ; et qu’une fois cela fait, une tête de la baliste fut tirée, le missile frappa l’ennemi qui prenait position sous un bouclier sur le mur du fort, soufflant d’un coup sec le bouclier et la tête de l’ennemi. » Horrifié en entendant cela, l’imam Ahmad s’exclama, « Ô Allah, que cela ne soit pas une faveur trompeuse de Ta Part. »

Souvent, des non-musulmans venaient à sa rencontre depuis des contrées éloignées. Un médecin chrétien vint un jour le visiter concernant son traitement. Il dit, « cela fait longtemps que je souhaite te rencontrer. Tu n’es pas une bénédiction pour les Musulmans seulement mais pour tout le monde. Tous nos amis et coreligionnaires ont le même sentiment à ton égard. » Quand le médecin partit, Marrûdhi dit, « j’espère que le monde musulman dans son entièreté implore les bénédictions divines pour toi. » Cependant, l’imam Ahmad répondit, « quand un homme connait le pire de son âme, alors peu importe ce que quiconque dit, rien ne peut le tromper. »